EasyTech #6 - "ça marche ou pas ?", mesurer le succès de son produit
Salut à toi 👋
Je suis très heureux de te retrouver en ce dimanche soir.
Aujourd'hui j'aimerais te parler d'un sujet important : mesurer le succès de son produit.
Si tu bosses sur un logiciel, un site web ou une application.
On t'a sûrement déjà demandé "ça marche ou pas ?".
Et c'est difficile de répondre 😅
J'espère que ça sera plus facile pour toi d'y répondre à la fin de cette newsletter.
En avant 👇
C'est pas facile de mesurer "si ça marche"
L'habitude des indicateurs de gestion de projet
On est souvent formés à suivre ce triangle d'or :
En gros pour réussir un projet, il faut :
Respecter les coûts
Rester dans les délais
Avoir une qualité suffisante
Sauf qu'en pratique, comme c'est compliqué de respecter ces trois contraintes. On doit souvent en privilégier 2 sur 3.
Tenir le calendrier et le budget, mais au détriment de la qualité (et les bugs qui s'accumulent)
Être dans les clous niveau budget et avec une bonne qualité, mais le planning explose
Ne pas prendre de retard et maintenir une super qualité, mais là, c'est les coûts qui explosent.
Donc pas si facile d'utiliser ces indicateurs pour mesurer ton succès.
C'est quoi la valeur ?
Tu me vois venir 😏
Réussir à livrer un produit dans les temps, en respectant le budget et avec une super qualité... n'a aucun intérêt si ça n'apporte pas de valeur à l'utilisateur.
Sans valeur à l'utilisateur, il n'achètera jamais ton produit, il ne l'utilisera pas dans la durée, il n'en parlera pas autour de lui. Bref, pas de succès.
Aussi, on voit que les indicateurs "gestion de projet" sont insuffisants car ils ne permettent pas de mettre en avant cette valeur.
Je m'en fous que l'appli Uber soit bien codé, ou n'ai pas explosé son budget. Je veux juste pouvoir rentrer chez moi tard le soir quand il n'y a ni métro, ni taxi.
Alors, comment mesurer cette valeur ?
Les indicateurs classiques... et leurs insuffisances
On a vu les indicateurs "gestion de projet".
On va voir les indicateurs "classiques".
Ils sont liés au funnel AARRR.
Commençons par là.
Le funnel AARRR
Première étape : l'acquisition. Lorsque les gens te découvrent pour la première fois. Par exemple, je vois une publicité pour de super baskets ; je me dis qu'elles m'iraient bien.
Deuxième étape : l'activation. Lorsque les gens comprennent ce que tu proposes et la valeur qu'ils peuvent en tirer. Par exemple, je télécharge une nouvelle application et là, wow, c'est incroyable ce que ça me permet de faire.
Troisième étape : la rétention. Lorsque les gens reviennent régulièrement pour utiliser le produit. Par exemple, je suis fan de tel logiciel / produit, je l'utilise tous les jours.
Quatrième étape : le revenu. Lorsque les gens achètent le produit pour la première fois. Par exemple, j'avais un abonnement gratuit et je passe en payant.
Cinquième étape : la recommandation. Lorsque les clients satisfaits en parlent autour d'eux. Par exemple, je parle de ChatGPT à tout le monde parce que je trouve ça incroyable.
AARRR c'est un modèle hyper puissant.
Mais les indicateurs issus de AARRR ont deux problèmes.
Premier problème = il y en a beaucoup (trop)
J'ai formalisé ce petit inventaire dans un post LinkedIn cette semaine :
Wow, ça en fait une palanquée.
Oui c'est très fort, mais tu peux pas piloter facilement, efficacement avec autant d'indicateurs.
Et si on revient à la question initiale : quel indicateur tu choisis pour mesurer le succès ? Est-ce qu'il y en a vraiment un qui se détache ?
Deuxième insuffisance = les vanity metrics
Je ne sais pas si vous connaissez les vanity metrics. C'est un sujet hyper important !
💡
Une vanity metric est une mesure qui fait plaisir à celui qui l'établit mais ne montre pas la réalité du business.
C'est globalement la définition qui est faite dans le livre Lean Start Up. Super livre d'ailleurs que je vous recommande (j'en avais d'ailleurs fait un résumé).
Et en fait c'est tout le problème de ces indicateurs classiques.
Encore une fois, ils ne sont pas directement corrélés avec la valeur délivrée.
Tu peux avoir plein d'utilisateurs qui téléchargent l'application, voire d'utilisateurs qui parlent de ton produit à d'autres, sans qu'il fonctionne vraiment bien.
Ça ne veut pas dire que ces indicateurs sont inutiles. Loin de là.
En revanche, on ne peut pas se baser uniquement sur eux pour mesurer le succès du produit.
La north star metric, la solution ?
C'est quoi une North Star Metric ?
North Star ça veut dire étoile du Berger en anglais. C'est l'étoile la plus brillante du ciel et c'est celle qui est censée guider les navigateurs.
Dans un contexte tech, c'est pareil. Notre North Star, notre étoile du berger, va nous guider dans la bonne direction.
Deux caractéristiques importantes de la North Star Metric (NSM) :
C'est un indicateur unique qui représente la valeur qu'un produit offre à ses utilisateurs.
Elle est alignée sur les objectifs de l'entreprise et est facilement mesurable. Elle permet donc de prendre des décisions stratégiques et opérationnelles.
Ce que la North Star Metric n'est pas
Elle n'est pas :
Un des indicateurs du funnel AARR
Un des indicateurs gestion de projet vus au dessus
Ni un indicateur patchwork qui regroupe des trucs pas cohérents
Ni une cible à atteindre à court terme, ça nous guide à long terme
Ni une mesure qui reflète de manière incomplète l'avancement / succès
Encore une fois, c'est ce qui est compliqué.
La NSM doit représenter la valeur fondamentale que le produit offre aux utilisateurs, pas seulement sa performance intrinsèque.
La force d'une North Star Metric
Quand tu as réussi à définir une telle métrique, ça a beaucoup d'avantage :
Tu arrives à aligner toutes tes équipes derrière -> tant qu'elles bossent pour améliorer cette métrique c'est a priori positif
Tu as plus de facilité à piloter -> tu vas dans la direction qui maximise cette NSM, ce qui est synonyme à avoir plus de succès pour le produit
Tu te poses les bonnes questions -> construire une NSM te force à te poser les vraies questions, les plus importantes "qu'est-ce que j'apporte ?".
Des exemples de North Star Metric
Bon. On l'a vu, ça a l'air génial ces NSM !
Mais difficile de voir ce que ça peut être en pratique 🤔
Voici quelques exemples :
Airbnb : le nombre de nuits réservées
Uber : le nombre de trajets effectués par jour
Slack : le nombre de messages envoyés par utilisateur actif
Plus généralement, un bon point de départ peut être d'identifier le "type" de produit.
→ Est-ce que je veux que les gens passent le plus de temps possible sur mon produit ?
→ Est-ce que je veux que les gens effectuent le plus de transaction possible sur mon produit ?
→ Est-ce que je veux que les gens soient plus productifs en utilisant mon produit ?
Ça permet déjà d'orienter la réflexion. Quelques exemples hypothétiques d'entreprises connues :
Et en pratique, on fait comment ?
Si c'est un challenge que vous rencontrez. Voici quelques idées pour arriver à le faire.
En préliminaire, 4 bonnes pratiques
1) On bosse en mode agile : on y va progressivement ; sans se mettre de pression. Le but c'est d'apprendre.
2) On essaye vite de trouver une première piste. On lance et on itère dessus. En mode agile cf le point 1.
3) On rend la démarche participative. Il faut que tous les membres de l'équipe participent. Le processus en lui-même de discussion est aussi important que son résultat = la NSM.
4) On peut aussi s'inspirer d'autres NSM, comme je le disais tout à l'heure, en partant de la "catégorie macro" du produit - productivité, transaction ou attention.
Première étape - comprendre les objectifs du produit
C'est la première étape et la plus importante. Pour mesurer le succès, il faut comprendre clairement les objectifs qu'on souhaite atteindre. Ça va dépendre de facteurs comme le marché cible, les ressources disponibles, etc.
Quelques questions pour aider à déterminer ça :
Dans 10 ans, si tout se passe comme je le veux, quel est le changement dans le monde que je veux avoir apporté avec mon produit ?
Quel est le truc qui m'obsède et sur lequel je veux avoir un imapct dans le quotidien de mes utilisateurs ?
S'il devait y avoir des articles dans la presse sur mon produit, de quoi voudrais-je qu'on parle en priorité ?
Quand je parle de mon produit à des proches, qu'est-ce que ce produit fait et qui me rend le plus fier ?
Point important : ces questions sont aussi très importantes pour déterminer la vision produit, c'est à dire l'impact qu'on veut obtenir avec celui-ci.
Deuxième étape - tester des indicateurs
Une fois que les objectifs sont clarifiés pour le produit, il faut tester des métriques qui aident à mesurer le succès.
💡
Si mon produit est Wikipedia
Mon objectif = rendre toute la connaissance du monde accessible au plus grande monde.
Idées d'indicateurs à tester : (1) le nombre de pages disponibles ; (2) le temps total passé à regarder les pages ; (3) le temps moyen passé par un utilisateur.
On doit bien sûr s'assurer qu'on peut mesurer les indicateurs à tester. Si ça n'est pas le cas, il faut créer les outils techniques pour ça.
Troisième étape - ajuster en fonction des résultats
Enfin, il est important d'ajuster au fur et à mesure en fonction des résultats obtenus.
Est-ce qu'en me focalisant sur cet indicateur, mon produit a eu plus d'impact ?
Y a-t-il eu des changements au niveau de la satisfaction utilisateurs ?
Mes équipes sont-elles à l'aise d'être guidés par cet indicateur ?
Si besoin, on ajuste et on repart à l'étape 1 ou l'étape 2 !
Conclusion
On se retrouve la semaine prochaine pour le prochain numéro !
Merci de m'avoir lu 🙏
Si tu es trop impatient pour attendre, tu peux :
Me contacter pour échanger sur le sujet des North Star Metrics par mail ou par message LinkedIn 💪
M'envoyer des feedbacks sur ce numéro, positifs... ou négatifs bien sûr ! C'est comme ça qu'on progresse 💪
Partager la newsletter à des personnes susceptibles d'être intéressées 💪
Bon courage pour la semaine 😃
Victor